Pour conclure la semaine européenne des villes et des régions, Platforma a organisé le 13 octobre une réunion conclusive sur le thème de l’appropriation des ODD par les gouvernements locaux, municipaux et régionaux, en particulier dans le contexte pandémique actuel. Platforma a ainsi mené une enquête auprès de collectivités européennes, qui montre que la pandémie a eu un effet contrasté sur l’adoption des ODD : par exemple, 25% des collectivités déclarent avoir moins de ressources pour mener à bien leurs projets en lien avec les ODD, mais 60% déclarent que la pandémie a permis d’adopter une approche plus holistique de l’Agenda 2030 et de décloisonner les différents ODD pour les faire fonctionner ensemble. La crise sanitaire a donc constitué à la fois un obstacle pour la mise à l’agenda des ODD pour des raisons financières et la mise en avant d’autres priorités (plans de solidarité d’urgence, plans de relance économique), et une occasion pour mieux appréhender les ODD, dans une approche plus globale et moins cloisonnée.
Quatre représentants de grandes collectivités étaient invités pour témoigner de leur expérience dans ce domaine : M. Jonan Fernandez, secrétaire général pour la transition sociale et l’Agenda 2030 au Pays Basque ; Mme Kriska Kampus, Directrice du développement et de la coopération internationale au Centre stratégique de Tallinn ; M. Ricardo Rio, maire de Braga, au Portugal et rapporteur du comité européen des régions sur les ODD ; enfin Mme Julia Dumay, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des affaires européennes et internationales.
Cette dernière a présenté l’action de la métropole de Strasbourg pour intégrer les ODD dans sa politique courante, mais aussi dans ses partenariats de coopération décentralisée avec des collectivités étrangères.
A l’échelle de la ville, qui a adopté depuis plusieurs années déjà les ODD dans ses projets, l’ambition est de faire rentrer les ODD dans le fonctionnement quotidien de la municipalité, en les intégrant dans le budget de fonctionnement courant, et pas seulement dans le budget d’investissement pour les faire entrer dans la question de l’alimentation, le sport (sous le prisme du genre notamment), etc.
En tant que capitale européenne, Strasbourg cherche également à montrer l’exemple, en intégrant les ODD dans ses projets de coopération décentralisée, par exemple en favorisant les mobilités douces et la démocratie locale en Tunisie. Elle cherche à promouvoir l’Agenda 2030 et les ODD, mais aussi d’autres feuilles de route, comme le Plan Climat. La ville cherche également à implanter la culture des ODD chez les acteurs de la ville : les appels à projet de la municipalité intègrent ainsi une exigence de prise en compte des ODD.
Les représentants de Tallinn, de Braga, et du pays basque ont également fait part de leurs initiatives en matière d’ODD, notamment dans la promotion des mobilités douces (gratuité des transports pour certaines franges de la population), et l’introduction et la protection de la biodiversité en ville à Tallinn. Dans le pays basque, les ODD entrent dans un plan plus général, Euskadines, qui cherche à relier transition écologique, transition digitale, et action sociale.
En conclusion de la journée, un constat s’est imposé : de nombreuses collectivités s’intéressent aux ODD et les considèrent comme des outils de leadership politique, mais ils restent très peu intégrés dans les plans de relance à l’échelle européenne et nationale. Certaines collectivités ont même du s’en détourner pendant la crise, estimant que le coût en était trop élevé. La période actuelle de relance semble être une bonne occasion pour remettre les ODD au centre des agendas politiques des collectivités territoriales et penser de nouvelles manières de mener les politiques publiques, à la fois au sein des collectivités et dans les partenariats décentralisés avec des collectivités étrangères.
